Madame la Rectrice, Nous vous souhaitons une rentrée aussi sereine que possible, à vous ainsi qu’à vos collaborateurs, et vous remercions pour la surprise que vous nous avez réservée avec cette rentrée en musique : un peu d’harmonie avant que cela ne se dégrade ! Nous saluons avec solidarité nos collègues personnels de direction, chefs et adjoints, avec une pensée particulière pour celles et ceux qui découvrent notre académie ou qui entament leur première rentrée en tant que stagiaires. Nous n’oublions pas non plus les collègues absents ce jour pour raison de santé, souvent causée par la surcharge de travail, en dit long sur l’état de notre profession. Nous adressons également nos salutations aux IA-IPR et IEN, aux cadres académiques et à l’ensemble des personnels des services. Précisons qu’Indépendance & Direction refuse d’adopter une posture de contestation pour la forme, mais rejette également toute langue de bois : la lucidité et le regard aiguisé (colorant les propos suivants) ne sont que la marque d’une loyauté indéfectible envers l’École de la République, le service public d’éducation, un attachement sincère à la liberté, l’égalité, la fraternité, et la laïcité. Précisons que nous portons aujourd’hui la parole de collègues personnels de direction quelle que soit leur (non-)appartenance syndicale, avec lesquels nous avons pu réfléchir ce matin de manière fédératrice. « Tenir la promesse républicaine de l’École. Élever le niveau général et donner les mêmes chances à tous »… Ainsi, on ne peut qu’adhérer à la circulaire de rentrée signée de Mme la ministre, mais sa lecture révèle un condensé d’éléments de langage paraissant être en impressionnant décalage avec la réalité de l’expérience vécue à l’école par bon nombre d’élèves, de familles et de personnels ; elle interroge quant aux conditions de travail des personnels de direction, qui composent avec le réel et qui ont eu toute la fin d’année scolaire dernière à subir des problématiques académiques (en dépit du très bon travail développé ensemble sur la charte de pilotage des EPLE) : -orientation (calendrier national difficile et délais, manque de places en voie pro laissant nombre de jeunes non affectés, manque de moyens pour contrer la difficulté scolaire…) ; -examens (changement climatique et locaux inadaptés, difficultés en EPLE pour adapter les horaires > programmation des épreuves d’examens, collaboration pas toujours simple avec les enseignants) ; -préparation de rentrée : prévisions d’effectifs, (dés-)affectation des FSTG, des BMP (avec couplages trop tardifs) > EDT + nombre de supports non pourvus à ce jour… Quelques remarques concernant les problématiques nationales inscrites au cœur (bien chargé !) de cette circulaire de rentrée, dès le 1er axe (« Consolider l’apprentissage des savoirs fondamentaux et favoriser la réussite de tous les élèves ») : -Ne faut-il pas interroger le curriculum (des programmes toujours plus denses et des interventions « transversales » toujours plus nombreuses) ? -Il paraît nécessaire concomitamment d’interroger les rythmes et calendriers scolaires (jusqu’à la journée). -Entêtement contre l’avis de l’inspection générale des « groupes de besoins ». -Tornade continûment renforcée des évaluations des élèves, des établissements, des réseaux (temps disponible… alors que les enseignants ont du mal à respecter le plan local d’évaluation en lycée ?). -Manque frustrant de temps pour piloter le projet, les parcours, les EPLE (puisse la plateforme Avenir(s) être efficace (plus que Folios) !). Tous les EPLE n’ont pas les mêmes problématiques donc les mêmes besoins de dispositifs (imposés à tous). -Réforme de la formation des personnels vient heurter l’injonction de la lutte nerveuse pour le RCD (courage national pour imposer les temps de formation hors cours ?)… Au-delà de la RH, nous appelons à développer une gestion humaine des ressources ! Problématiques nationales axe 2 (« Bâtir une école de l’engagement, de la justice et de la responsabilité ») : -Choix budgétaires 2026 annoncés favorisant le vivre ensemble, la justice et la protection sociales (attention à ne rogner aucun moyen en EPLE) ? Année blanche pour les retraités ? Les fonctionnaires en sont à plus de deux décennies d’années blanches (gel du point d’indice) > perte de pouvoir d’achat de + de 30 % depuis 2000 ! Inquiétude concernant le climat social de septembre : les personnels de direction sont toujours en première ligne directement face à la grogne des personnels comme des jeunes (lycéens) et de l’instabilité politique voire institutionnelle. Cela fait des années qu’ID-FO demande la création de brigades de remplacement de personnels de direction. Nous avons obtenu l’adoption du principe en F3SCT-M en novembre 2023. Et pourtant, aucun poste créé en 2025 ! Combien faudra-t-il de burn-outs pour que les décideurs bougent ? > Une promesse républicaine sans moyens ? -D’ailleurs, quels moyens éducatifs, financiers et humains pour les internats d’excellence ? Quelles modalités de recrutement d’élèves (demandes en baisse) > communication nationale ? -Travail important en temps et RH pour mettre en place le programme EVARS. -Difficile de mobiliser des équipes pour définir et faire vivre les parcours éducatifs : motiver des enseignants référents ne suffit pas… Problématiques nationales axe 3 (Garantir les conditions d’une école qui protège et qui rassemble ») : -Idem pour la santé mentale (voir Le Monde) : désigner et former en une journée des personnels ne remplace pas l’affectation de professionnels psychologues et d’infirmières en nombre suffisants dans les EPLE (d’ailleurs dans le domaine du handicap en médicalisant toutes les difficultés d’où PAS mais fonctionnement très difficile de l’école inclusive). -Les personnels de direction savent gérer l’échelle des punitions et sanctions : attention à ne pas systématiser les conseils de discipline (système excluant ?). -Rôle accru des préfets gage de cohérence des politiques publiques ou marque d’une prédominance des choix politiques et sécuritaires au détriment de la pédagogie et de l’éducation ? –Quid des réformes de la voie professionnelle (fiasco du parcours « en Y » selon un rapport parlementaire, rétribution sans corrélation à l’assiduité générale des jeunes) et du calendrier à venir en termes d’examens ? Nous vous demandons ainsi Madame la Rectrice de faire remonter à Madame la Ministre un message clair et sans équivoque : les cadres de terrain n’en peuvent plus de devoir faire l’impossible, ce que les personnels de direction assument avec volontarisme jusqu’à ce jour… « gavés » de missions au bout de l’entonnoir alimenté sans fin par tout le monde… Il est temps de se donner les moyens d’exercer réellement l’ensemble des missions au service des jeunes de la République… |