Intervention du 92- réunion Recteur- janvier 2025
Monsieur le Recteur,
Une question brûlante s’impose : jusqu’où devrons-nous aller ? Les années s’écoulent, et loin d’apporter l’apaisement régulièrement demandé, elles nous enfoncent dans des difficultés croissantes.
La préparation de la prochaine année scolaire semble marquer un point de rupture.
On invoque la situation politique comme excuse, alors qu’elle est clairement à l’origine de nos problèmes.
Devons-nous continuer à être les boucs émissaires des décisions politiques des différents ministres qui passent et nous oublient aussi rapidement qu’ils sont passées ?
Nous sommes pris dans un cycle infernal de difficultés répétées, un épuisement constant face à des obstacles quotidiens qui minent peu à peu notre engagement.
La situation concernant la préparation de la prochaine rentrée scolaire est tout simplement insolite. (Stupéfiante).
Dans un contexte de baisse sensible de dotations, car oui le départemental connait une baisse de sa dotation même si on nous explique que c’est finalement moins que cela aurait dû être, on nous demande de convaincre des équipes, en l’absence de textes réglementaires et sans aucune évaluation des différentes réformes mises en place (il parait qu’elles auront lieu en juin). Sans l’efficacité des services de la DSDEN que nous remercions et le report de la date des remontées de la DHG, ce travail aurait dû être effectué dans la précipitation.
Comment convaincre au sein de nos établissements lorsque tout le monde a pertinemment compris que les objectifs pédagogiques arrivent bien loin derrière les stratégies politiques ? Cette incohérence flagrante est une source de découragement profond.
Le constat est donc alarmant et la situation actuelle illustre parfaitement la dégradation continuelle de nos conditions de travail.
Plus que jamais, nous demandons que l’expertise des cadres que nous sommes soit enfin prise en compte. Nous ne voulons plus être de simples courroies de transmission d’une machine qui tourne désormais dans le vide.
Une première marque de cette confiance tant attendue serait de laisser à chaque direction d’établissement une totale autonomie pour l’organisation de cette rentrée et la gestion de cette réforme des « chocs de savoir ». Qui mieux que les équipes de direction, au plus près des réalités des établissements, seraient en mesure d’analyser avec précision et pertinence le contexte local et d’y apporter les réponses adaptées ? »
Nous savons que vous, M le Recteur, M le DASEN êtes sensibles à la qualité du dialogue social au niveau académique et départemental, mais cela ne suffit pas, cela ne suffit plus à nous satisfaire. Notre ministère ne doit pas oublier que nous sommes le maillage essentiel d’une chaine en extrême tension.
Puisque la tradition des vœux de janvier nous y invite, et qu’il paraît que la persévérance finit toujours par payer, permettez-moi, au nom d’Indépendance et Direction-FO, d’émettre quelques idées très simples (certes la liste n’est pas exhaustive) qui nous permettraient de vivre une année 2025 et les années suivantes dans de meilleures conditions.
Nous aspirons à une année durant laquelle les voix des personnels de direction seraient à la fois entendues et prises en compte dans les décisions ministérielles. Une année où nous constaterions une nette amélioration de nos conditions de travail, avec des équipes à nos côtés complètes et formées, car il ne suffit pas de mettre ou démettre des personnes, il faut prendre le temps et l’engagement de les former, de les accompagner en ne comptant pas sur le seul investissement des personnels de direction.
2025 pourrait aussi être une année ou nous disposerions de moyens humains suffisants, notamment un nombre adéquat de professeurs et d’AESH, pour assurer un encadrement permettant la réussite de tous les élèves.
Une année où les tâches administratives chronophages seraient allégées pour nous permettre de nous concentrer sur notre cœur de métier.
Enfin, une année où la reconnaissance sera réelle, ou elle ne se limitera pas aux remerciements et passera par une réponse favorable aux revendications salariales d’Indépendance et Direction, à savoir une augmentation de 300 points d’indice, un taux d’accès à la HC de 30% des promouvables et où plus aucun personnel de direction ne percevra un salaire en inférieur 3000€ net et où le RIFSSEP ne se borne pas à une augmentation d’à peine une baguette de pain par jour.
Monsieur le Recteur, cette intervention ne se veut pas un exercice de style de plus où nous interviendrions pour la forme et où vous nous écouteriez par politesse. C’est une alerte qu’il faut entendre. Les résultats des différentes enquêtes sur les conditions de travail des personnels de direction illustrent l’ampleur du mal-être au sein de notre profession et soulignent la nécessité d’une action urgente pour améliorer les conditions de travail de tous les personnels
Nombreux sont ceux qui ne verbalisent pas ces sentiments par peur du jugement entre pairs, par peur de l’impact sur l’évaluation annuelle.
Nous faudra-t-il arriver à des scénarii dramatiques tels que ceux vécus par des grands groupes français très connus pour qu’un vrai regard soit porté à ce que nous remontons depuis de nombreuses années. Car au-delà de nos fonctions, nous sommes des personnes, nous avons des familles qui souffrent au travers de la multiplication des tâches que nous devons assurer faute de personnel ou de ligne directrice claire.
Malgré les difficultés, l’amour de notre métier demeure intact, vous pouvez en être persuadé.
Nous aspirons simplement à une reconnaissance, à du respect de la part de notre institution pour notre profession, notre savoir-faire et notre dévouement,
Nous aspirons à une année plus sereine, où nous pourrons enfin être les premiers pilotes pédagogiques de nos établissements.
D’aucun auraient probablement fait allusion à des tsunami, tempête, ou grandes dépression.
Pour ma part, au nom d’ID-FO, je souhaite terminer sur cette phrase de Nelson Mandela qui devrait nous amener à réfléchir :
« Ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi »
Je vous remercie de votre attention.