L’Édito de septembre

Dans quelle ère entrons-nous, quelle sera notre aire d’évolution et sur quel air nous le dira-t-on ?

La cloche a sonné, c’est la rentrée. Espérons que ce n’est pas le glas des valeurs de l’école républicaine qui sonne.
Cette rentrée 2015 s’inscrit dans un contexte où les réformes (collège, décentralisation, déconcentration) et les dossiers (évaluation des enseignants, organisation du baccalauréat, présidence du CA) vont dominer l’actualité tout au long de l’année 2015-2016.

Nous pouvons louer ces initiatives qui se veulent une réponse aux résultats de notre système éducatif matérialisé par le classement annuel PISA, dans lequel la France décline progressivement.

Le tout étant que l’ensemble de ces réformes et modifications, soient les garantes d’une unité nationale, qui assure à chaque enfant sur l’ensemble du territoire une instruction, une éducation, un parcours de formation qui aboutissent à une qualification en vue d’une insertion dans le plus pur respect de l’égalité, valeur fondatrice de notre république.

La réforme territoriale va dominer l’actualité immédiate et prendra un sens très particulier au moment des résultats des élections en décembre 2015. Nous serons attentifs aux programmes mis en place région par région à partir de janvier 2016, tout en veillant à des conditions de préparation de la rentrée 2016 sans double tutelle.

En tant que citoyen nous attendons avec espérance les effets bénéfiques d’une telle réforme qui, en rapprochant les centres de décision des structures opérationnelles, pourrait d’un point de vue économique permettre une dynamisation des territoires avec une amélioration des infrastructures, des transports, de la capacité d’investissement, du développement industriel et de l’accès à l’emploi.

Mais cette dynamique impulsée par cette nouvelle répartition des compétences ne répond pas aux objectifs d’égalité des chances pour ce qui concerne l’éducation nationale. Il est fondamental que les programmes et les moyens soient à la hauteur des enjeux sur tout le territoire de façon équitable.

Cette réorganisation, si nous n’y veillons pas, peut comporter le risque d’accroître l’hétérogénéité des moyens attribués à l’enseignement par région, avec en conséquence une rupture du principe d’égalité.

Un nouveau puzzle est déjà bien constitué, les régions ayant dans leurs compétences :

  • L’entretien, la modernisation et la construction des EPLE
  • La gestion des adjoints techniques des services d’entretien, d’hébergement et de restauration (ATTEE)
  • La carte des formations sous statut scolaire et par apprentissage, ainsi que la formation continue
  • Le service régional d’orientation
  • Le financement des équipements pédagogiques, informatiques
  • Le financement des projets pédagogiques
  • La loi NOTRe adoptée par le Sénat et l’assemblée nationale le 16 juillet 2015 attribue de plus aux régions la gestion des transports et, conjointement avec les recteurs, la sectorisation des établissements scolaires.

Sur le périmètre des circonscriptions académiques, l’on ne peut qu’observer la prudence du Ministère à maintenir les académies actuelles et à préconiser une organisation inter-académique dans une même région. iD-FO constate qu’une de ses revendications d’une Éducation nationale qui ne soit pas fracturée en treize pièces est respectée, les services d’éducation devant être au contraire pour iD-FO maintenus et renforcés dans un contexte de grandes régions aux réalités très disparates.

Dans le même temps, la déconcentration avec la réorganisation des Rectorats modifie les règles de gouvernance de l’éducation nationale.

Les chefs d’établissements auront beau revendiquer leur aspiration à assurer leur rôle de premier pédagogue de l’établissement, la défense des intérêts des établissements sous leur responsabilité s’analysera par leur expertise à présenter les demandes et les dossiers de financement pour obtenir les moyens, avec de surcroît des priorités qui pourraient être très différentes de celles des élus répondant à des tropismes locaux.

Enfin rappelons qu’iD-FO revendique le maintien, d’une part, du contrat d’objectif avec le recteur, émanation du projet d’établissement validé en conseil d’administration faisant l’objet d’un rapport annuel, et d’autre part , l’établissement d’un contrat d’objectif avec la Région ou le Département qui définit les moyens qui seront attribués pour la conduite de la politique défini entre le Rectorat et la Région.

L’évaluation des personnels de direction à partir de la lettre de mission est bien de la seule compétence du recteur.
La réforme du collège va débuter par la mise en place d’un plan de formation en trois temps, les personnels de direction tout d’abord, puis certains professeurs de chaque collège qui auront à charge ensuite avec le chef d’établissement d’assurer la diffusion de l’information auprès de l’ensemble des enseignants de leur collège.

Dans ce contexte il appartiendra aux équipes de direction de réussir la préparation de la rentrée 2016 et la mise en œuvre avec les enseignants de cette nouvelle organisation pour 2016-2017, sans omettre d’informer les familles et les fédérations de parents d’élèves des adaptations réalisées, puisque l’objectif est bien la réussite de tous les élèves et que cette réforme doit donc être favorable aux plus fragiles, sans altérer le parcours des élèves qui alimentent l’élite nécessaire aussi à notre pays.

iD-FO a, depuis le début des travaux de la mise en place de cette réforme du collège, adopté une démarche prudente et critique basée davantage sur la réflexion et l’analyse que sur la précipitation à la soutenir puis la dénoncer dans des voltes faces.
Pour iD-FO la mise en place d’un processus d’évaluation de la réforme du collège à partir d’un calendrier défini, et qui puisse être adapté si nécessaire, serait un gage de volonté de réussite et apporterait une réelle preuve que l’on ne fait pas reposer sur les seules épaules des chefs d’établissement la réussite ou l’échec de la réforme.

La ministre a annoncé sa volonté de « reprendre le dossier de l’évaluation des enseignants», iD-FO est favorable à une évaluation conjointe des enseignants par le chef d’établissement et le corps d’inspection, qui intègre la définition d’objectifs partagés avec un bilan permettant un suivi dans la durée.

iD-FO avait déploré l’ajournement en 2012 sans nouvelles dispositions de la proposition de décret, ce qui a laissé les personnels de direction subir la continuité d’un système suranné que le plus grand nombre souhaite voir disparaître.

Il est primordial d‘évaluer régulièrement les enseignants sur des critères transparents, pour ainsi développer une reconnaissance institutionnelle, gage d’une évolution de carrière liée à l’efficacité.

Ce dossier, avec celui de la formation initiale et continue, est d’un enjeu majeur car les réponses apportées seront des éléments forts pour infléchir ou pas la courbe de la baisse du nombre de recrutement des enseignants.

Parmi les autres dossiers la réforme du baccalauréat, la place et le sens de celui-ci, ainsi qu’à un moindre niveau celui du DNB, comporteront des prises de décision d’importance pour l’évolution de notre système éducatif. Ces débats, au même titre que celui de la présidence du conseil d’administration, sont des sujets dont les réponses font écho à la question essentielle : quel système éducatif voulons-nous ?

Alors que les orientations de l’accord relatif à l’avenir de la fonction publique concernant la modernisation des parcours professionnels, des carrières des rémunérations, prévoit un calendrier allant de 2017 à 2020 sans prendre à priori en compte la spécificité de notre profession à la différence des enseignants, la réouverture des travaux du GT9 nous semble indispensable.

Dans le contexte de réformes, les personnels de direction vont être fortement mis à contribution au-delà du travail quotidien. Ils vont devoir montrer un regain de motivation et d’investissement pour être force de négociation et force de conviction pour faire réussir ces réformes, les accompagner et les installer dans la durée si l’on veut qu’elles produisent des effets. En terme de ressources humaines on ne peut pas éternellement faire appel à la seule loyauté et au sens du devoir, d’autres leviers doivent être mobilisés, y compris pour ne pas dissuader les bonnes volontés à entrer dans le métier.

iD-FO réuni en Bureau National le 30 septembre 2015 et en Conseil National le 1er octobre 2015 sera amené à prendre des positions sur l’ensemble de ces réformes pour définir les résolutions qui seront défendues tant au niveau national qu’au niveau des académies.

Philippe DONATIEN
Secrétaire Général