C’est quoi le syndicalisme aujourd’hui ? Édito de mars

C’est quoi le syndicalisme aujourd’hui ?

Indépendance et direction, syndicat des personnels de direction de l’éducation nationale, est né en 2002. Il est devenu i.d.-Fo au congrès de Lyon en 2012. Cette évolution est le fruit de l’application de la loi sur la représentativité syndicale qui nous a conduit à opter pour une fédération syndicale représentative au comité technique Ministériel et pouvoir ainsi continuer d’exister. Une partie de nos adhérents aurait souhaité conserver une indépendance totale, mais on ne peut vouloir exister et ne pas obéir aux lois.

Rappelons que Force ouvrière est la seule organisation à s’être opposée aux nouvelles règles de représentativité définies dans les accords de Bercy puis transposées dans la loi.

Notre adhésion à FO nous permet d’intégrer une fédération qui préserve et respecte l’indépendance de chaque syndicat qui y adhère. C’est pourquoi nous devons pouvoir allègrement assumer d’être un syndicat de personnels de direction et donc d’encadrement au sein d’une fédération qui intègre également des syndicats d’autres personnels qui sont nos collaborateurs dans les EPLE. Chacun dans son rôle, dans son propre syndicat, avance ses principes, ses revendications, engage ses démarches et les débats qu’il juge utiles. Le syndicat n’engage que lui-même, sa position n’est pas forcément partagée par tous au sein de la fédération et donc par les autres syndicats fédérés. Les règles communes, ce sont les statuts fédéraux et confédéraux. il n’a jamais été demandé à i.d.-Fo d’assumer, de cautionner, ou de valider telle ou telle prise de position. Mieux, lors des réunions de la FNEC-FP-FO, ou d’audiences auprès de différentes instances, chaque syndicat affirme ses positions et marque son originalité. Certaines prises de position sont nuancées voire divergentes, elles le sont au sein d’un même syndicat. Mais, en parallèle, nombre de valeurs et de revendications sont communes et peuvent être défendues ensemble plus efficacement dans le cadre fédéral : – les valeurs de l’école de la république. – la défense d’une école laïque. – le maintien d’une fonction publique d’État, avec le statut général et les statuts particuliers. – la réussite des élèves pour contribuer à l’égalité des chances de chacun. – Garantir une mixité sociale dans les EPLE. – Gérer la sectorisation pour une école qui intègre. Cette pratique du fédéralisme et de la démocratie syndicale est la marque de Force ouvrière. Le poids et les positions de la confédération Fo et de la FNEC-FP-FO renforcent la volonté d’ i.d.-Fo d’exister pour porter un discours et une perception différents des syndicats de cogestion que sont le Snpden et le SGen.

i.d.-Fo revendique un non alignement politique et une défense des intérêts matériels et moraux de tous les personnels de direction, sans discrimination, choix, hiérarchie interne, passe-droit. Il y a toujours eu une volonté de classer i.d. vers une tendance politique afin de nous discréditer. Ce qui peut se comprendre pour des syndicats qui, n’acceptant pas ce principe d’indépendance, c o n f o n d e n t syndicalisme et militantisme politique. i.d.-Fo souligne et prévient des dangers d’un trop grand excès de décentralisation et de déconcentration quand d’autres s’imaginent déjà «roitelets» territoriaux. Pour i.d.-Fo, être chef d’établissement ou adjoint n’est pas être pour ou contre les enseignants, mais bien travailler avec eux. Les enseignants sont des fonctionnaires d’État, au même titre que les personnels de direction. Ils sont aussi cadres, et à ce titre nous devons pouvoir collaborer ensemble pour mettre en place une politique cohérente et adaptée à chaque EPLE. Cette politique doit être fondée sur un équilibre entre les directives ministérielles et une réelle autonomie de l’établissement à partir des différentes instances internes dont les propositions sont validées in fine en conseil d’Administration. Discuter, échanger sur les organisations possibles, accepter le débat contradictoire, la critique, les différences, mais réussir à définir une ligne de conduite au service des élèves et des familles représente l’enjeu majeur. Ne pas comprendre ni accepter cette règle du jeu est un renoncement à notre école républicaine.

i.d.-Fo est un syndicat de terrain et non une officine idéologique basée sur de grandes thèses. Il n’a pas à subir ou à se soumettre à tel ou tel dogme, témoignage d’une vision passéiste de la fonction publique. Notre organisation est un syndicat de proximité, de conseil, d’accompagnement de tous les personnels de direction, chef, adjoint, Segpa, Erea, ce qui en fait une structure qui permet de représenter les intérêts de chacun, sans préalable, sans hiérarchie des besoins ni de satisfaction prioritaire pour certains ego.

Position d’ i.d.-Fo : dès la promulgation de la loi d’orientation et de programmation 2013-595 du 8 juillet 2013 article 61 (code de l’éducation l421-4), i.d.-Fo s’est opposé aux contrats d’objectifs tripartites contrairement aux autres organisations syndicales. i.d.-Fo a toujours souhaité le statu quo qui a le mérite de préciser le rôle de chacun : contrat d’objectifs avec la hiérarchie et convention de fonctionnement avec les collectivités territoriales. Pourquoi ? C’est la hiérarchie de l’éducation nationale, après discussion avec les collectivités, qui fixe les objectifs pour chaque EPLE car c’est elle qui évalue les personnels de direction, fonctionnaires d’État, en s’appuyant sur ces contrats. Les résultats des dernières élections régionales nous confortent dans notre position prudente. La circulaire 2015-004 du 14 janvier 2015 apporte des précisions sur les différents domaines pédagogiques et éducatifs qui sont concernés ainsi que sur la durée de 4 ans et introduit la possibilité d’une évaluation conjointe par l’autorité académique et la collectivité de rattachement. Elle confirme la justesse de notre analyse car : – la distorsion éventuelle entre les choix de l’État avec leurs déclinaisons académiques et ceux de la collectivité territoriale ne peut trouver sa solution au travers des contrats tripartites. – la multiplication des indicateurs, conséquence du nombre important et prévisible d’objectifs, alourdit sensiblement le travail des équipes de direction. – l’évaluation conjointe prévue par la circulaire est inacceptable pour des fonctionnaires d’État et ne peut qu’être combattue par un syndicat soucieux de l’intérêt des personnels de direction. – la circulaire entérine le pouvoir décisionnaire de la collectivité dans les champs pédagogiques et éducatifs. l’éducation nationale se trouve de ce fait dessaisie du cœur de sa mission : l’enseignement et l’éducation. Les contrats tripartites présentent le risque de soumettre cette mission à des influences locales répondant à d’autres impératifs que celui de la réussite des élèves.

En conséquence, i.d.-Fo continue à rejeter le contrat unique et donc tripartite et à privilégier la coexistence d’une convention de fonctionnement avec les collectivités territoriales et d’un contrat avec les autorités académiques.

Philippe DONATIEN
Secrétaire Général