Septembre 2017

Le quinquennat de tous les dangers

Le métier de personnel de direction à venir est à construire. Il doit à la fois tirer les leçons du passé (protocole de 2001 et charte des établissements 2007) et en même temps intégrer le changement de paradigme qu’il suppose.

En effet, pour répondre au défi à relever, la réussite de tous les élèves en termes de qualification, de certification et d’orientation, notre système éducatif doit modifier sa forme de gouvernance pour passer d’une organisation pyramidale fondée sur un système hiérarchique très vertical à un management horizontal. C’est donc bien d’un changement systémique dont nous allons faire l’objet. Cette approche est le fondement même de l’évolution vers l’autonomie des EPLE souhaitée par le nouveau gouvernement qui présente les établissements comme le niveau stratégique de l’évolution du système éducatif.

Le chef d’établissement et le chef d’établissement adjoint doivent intégrer dans leur fonctionnement que les objectifs de réussite de tous les élèves passent par la redéfinition du rôle et de la place des enseignants, des corps d’inspection, des DASEN, des Recteurs dans l’organisation générale de ce système. Cette organisation doit être repensée dans le cadre d’une volonté partagée d’innover, d’expérimenter, d’individualiser, de personnaliser les parcours de formation de nos élèves (JM. Blanquer « l’Ecole de demain »). Ces démarches doivent être facilitées et faire l’objet d’une évaluation a posteriori sans censure a priori.

Nos EPLE doivent pour cela être dotés de moyens spécifiques afin de valoriser ces initiatives, qu’elles concernent le soutien scolaire, la prévention du décrochage, l’orientation, le développement personnel, l’éducation à la santé, la compréhension des valeurs républicaines. Ces moyens doivent se traduire soit par des compétences externes qui n’existent pas dans notre système actuel, soit par des formations pour adapter les adultes des établissements scolaires aux publics concernés, aux méthodes d’apprentissage adaptées, aux évolutions des outils et supports d’enseignement.

L’ensemble de ces métiers sont contraints de s’adapter aux modalités d’enseignement sans remettre en cause le bien-fondé de la transmission des savoirs disciplinaires.

Ceci impose aux personnels de direction de modifier à la fois leur approche du métier, la nature des relations avec les autorités de tutelle, et les méthodes de travail.

ID-FO aura un rôle actif dans cette transformation du métier de personnel de direction en défendant notre place dans l’organigramme de l’Education Nationale, en demandant que l’autonomie des EPLE passe par une reconnaissance préalable et donc une réelle revalorisation du corps, artisan d’une nouvelle organisation de notre système éducatif.

La représentation syndicale n’étant pas unique, cela nous permet d’envisager une nouvelle richesse dans la réflexion de l’évolution du métier. Par ailleurs cette reconnaissance ne peut se résumer aux seules relations avec le Ministère et ses services, mais passe nécessairement par la contribution de la représentation nationale qui doit apporter son analyse, ses opinions, ses propositions surtout au moment où le gouvernement souhaite revoir le PPCR au profit d’une réponse par métier dans un cadre budgétaire contraint où la réduction de la masse salariale serait l’objectif premier.

ID-FO avait déjà lancé une action auprès des députés et sénateurs en décembre 2016 : de nombreuses interventions ont alors été réalisées auprès du gouvernement de l’époque (revue iDEES n° 62 pages 11 à 14).

Au moment même des élections sénatoriales, qui succèdent aux élections législatives qui ont conduit à un important renouvellement de la classe politique, et afin d’interpeller celle-ci sur le changement en préparation, notre syndicat a relancé dès le 1er septembre 2017 différentes actions auprès de la représentation nationale pour associer sénateurs et députés aux débats et obtenir de leur part une reconnaissance de notre métier. Sans attendre cette date, dés le 20 juillet 2017 la question n° 00574 a été déposée au Sénat sur les attentes des personnels de direction en matière de gestion de carrières et de rémunérations.

Au-delà de la gestion de nos carrières et de nos rémunérations il est en effet nécessaire que tous les responsables politiques puissent mesurer les incidences de leurs décisions sur nos conditions de travail. C’est pour cela qu’ID-FO a déjà demandé au Ministre lors des audiences des 24 mai ,15 juin et 10 juillet 2017 :

  • Un Grenelle sur l’autonomie des EPLE,
  • Un audit sur le numérique et l’informatique,
  • Un état des lieux sur la mise en place des mesures de sécurisation et de sûreté des établissements et la poursuite des mesures nécessaires,
  • Un groupe de travail pour redonner du sens aux examens (DNB, Baccalauréats), définir leur rôle et leur place dans le système éducatif en vue de l’échéance de 2021,
  • Un groupe de travail sur l’adaptation et l’évolution impérative du cadre de l’orientation du post 3éme au post bac,
  • Un groupe de travail sur l’organisation de la voie professionnelle (devenir des LP, intégration en LPO) et son maintien au sein de l’éducation nationale par opposition aux velléités de certaines régions qui souhaitent leurs transferts,
  • Un groupe de travail pour concilier déconcentration et décentralisation en lien avec les collectivités territoriales en regard de l’autonomie souhaitée des EPLE,
  • Un groupe de travail pour reconsidérer le PPCR des personnels de direction et intégrer la gestion de notre carrière car elle conditionne l’attractivité de notre métier, pour prendre en compte nos mobilités et l’incidence sur l’octroi des NAS, pour compenser les dépassements de notre temps de travail légal, pour adapter et harmoniser nos indemnités.

2017-2018 sera une année charnière pour faire avancer nos propositions et vérifier que la confiance prônée par le Ministre est bien sincère.

Cette nouvelle gouvernance et le déploiement de l’autonomie des EPLE ne pourront se réaliser sans intégrer le paramètre collectivité territoriale, loi de décentralisation oblige.

Le Ministre, lors de notre audience bilatérale du 15 juin 2017, a réaffirmé la priorité d’une éducation nationale et a même précisé qu’en ce qui le concerne il y avait primauté de la déconcentration sur la décentralisation. Dont acte.

ID-FO, qui s’est toujours opposé aux contrats d’objectifs tripartites, voit dans la position du gouvernement la possibilité de répondre à ses attentes et de reprendre ses propositions : un accord cadre entre l’Etat et les collectivités territoriales en lien avec l’ARF et l’ADF, qui permette à chaque EPLE de définir une convention de partenariat avec la collectivité de rattachement votée en conseil d’administration, ce qui conduirait à la signature d’un contrat d’objectif avec le seul Rectorat dans lequel les principes qui fondent l’autonomie de l’EPLE auraient une large part et pour lequel une évaluation a posteriori serait définie et précisée.

Face à ces enjeux et ces opportunités, ID au sein de la fédération FNEC-FP-FO aura l’occasion d’échanger et de construire avec les autres syndicats une réflexion sur les propositions du Ministère dès que celles-ci se concrétiseront.

En effet, il appartient à tous les acteurs de notre système éducatif d’avoir une démarche constructive et concertée pour parvenir à faire réussir les élèves les plus en difficulté, sans remettre en cause tout ce qui fonctionne déjà bien et permet la réussite d’un très grand nombre d’élèves.

Les chantiers définis par le Ministère et qui nous ont été précisés lors du petit déjeuner de travail du 10 juillet 2017 concernent, sans aucune hiérarchie dans leur présentation :

  • La mise en place d’un suivi régulier pour agir en fonction de l’actualité des EPLE.
  • La réforme du baccalauréat : le 5 juillet 2017, devant la commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale, le Ministre a précisé que la réforme se ferait dans le cadre d’une réforme plus globale du lycée, selon le calendrier suivant : ouverture des négociations en septembre 2017 (en réalité cela a déjà commencé), publication des conclusions courant 2018, réforme de la classe de seconde pour 2018/2019, classe de première pour 2019/2020, classe terminale pour 2020/2021, et nouveau baccalauréat pour la session de 2021.
  • La réforme du collège, conséquence des assouplissements de la rentrée 2017 et perspectives 2018, mise en place « devoirs faits », LSU, DNB …
  • L’orientation – AFFELNET et APB – avec un enjeu majeur pour la rentrée 2018 au vu des effectifs prévisibles et la décision de mettre fin au tirage au sort, sans oublier les conventions lycées – universités.
  • La sécurité et sûreté des EPLE.
  • Les outils informatiques.
  • Les méthodes et les pratiques en vue de permettre la conduite d’une politique conjointe des EPLE entre personnels de direction et corps d’inspection.
  • L’autonomie des établissements structurés sur le principe d’enseignants chargés de mission.
  • Les relations avec les collectivités territoriales.
  • La charte de pilotage des établissements de 2007.
  • La formation professionnelle.

Le principe d’un GNPD (groupe de liaison entre le ministère et les personnels de direction) ayant été programmé tous les deux mois, cela nous permettra de mesurer tout au long de l’année 2017-2018 l’avancée de ces travaux et d’observer la concrétisation effective de toutes ces bonnes intentions….

Philippe DONATIEN
Secrétaire Général