REVALORISATION !

Après des années de gel du point d’indice, les négociations PPCR s’ouvraient. Elles étaient présentées comme la solution à une revalorisation de nos carrières et sensées  satisfaire nos revendications. Indépendance et Direction avait vu dès le départ les failles de ce système. Sans nier l’intérêt que cela pouvait présenter pour les premières années de carrière, notamment la suppression de la deuxième classe, le reste de la profession n’en tirait guère d’avantage. Bien au contraire, on l’a bien vu dans la suite comme nous l’avions annoncé, le nombre de promus en hors classe n’a pas bougé et l’effet d’entonnoir lié au passage à deux classes n’a pas manqué de se faire sentir, au point que beaucoup de collègues piétinent maintenant aux portes de la hors classe, sans perspective rapide d’y parvenir.

Quant à la classe exceptionnelle, c’est certes un avantage pour ceux qui sont en fin de carrière, mais quel pourcentage de personnels de direction va réellement pouvoir y accéder ?

C’est la raison pour laquelle Indépendance et Direction, à travers sa fédération, s’était abstenu (et n’avait en rien voté contre) lors du vote en CTM sur PPCR.

Aujourd’hui, nous voici à une nouvelle croisée des chemins : comme entre temps, les personnels de direction ont été au cœur de la mise en œuvre de multiples nouveaux chantiers,  comme le PPCR n’a pas eu l’effet escompté, et comme le ministre a annoncé qu’une revalorisation sensible des enseignants était à l’ordre du jour, Indépendance et Direction revendique qu’une vraie revalorisation soit effectivement appliquée à notre profession.

Il faut dire que nous sommes au cœur de bouleversements du système comme on n’en a probablement jamais connu. Sans faire une liste aussi longue que fastidieuse, citons déjà les dispositions sur l’école inclusive. Le travail supplémentaire et l’accroissement des responsabilités générées par les nouvelles mesures en la matière n’est pour l’instant pas encore reconnu. Citons aussi la réforme du lycée avec les modalités de contrôle continu qui ont considérablement accru la charge de travail pour l’organisation de l’examen du bac, alors que l’objectif premier était exactement l’inverse. D’ailleurs, pour ce dispositif, un certain nombre de personnels de direction ont été mis à mal par les résistances à son application. Dans certains établissements, cela a pu donner lieu à des violences extrêmes, ou des situations inextricables avec les salles des professeurs qui vont laisser des traces, et inévitablement impacter la vie en commun de façon durable. Bien sûr, une prime de 500 euros (Brut) a été accordée pour accompagner la mise en place des E3c et Indépendance et Direction ne s’en plaindra pas, mais c’est un prix bien modeste pour compenser tous les problèmes et surcharges que le dispositif a généré.

D’autres nouveautés sortent périodiquement également, comme le PIX. La position d’Indépendance et Direction est simple pour ce dispositif : c’est non. Cette position a été énoncée dans l’ID flash n°38 dès janvier 2020.

Il y a aussi les téléservices, et là encore notre position est simple : ils doivent être soumis au choix des établissements. Si les équipes de direction pensent qu’ils peuvent être une plus-value intéressante pour l’établissement et les familles, cela ne pose pas de problème. Dans le cas contraire il ne faut pas se mettre encore en difficulté inutilement.

Et puis, au milieu de ces préoccupations particulières, il y a le dossier de la réforme des retraites. Personne d’ailleurs n’a réalisé d’étude d’impact sur notre profession au ministère. On a beaucoup entendu de débats sur les conséquences de la réforme en termes de perte de niveau des pensions des enseignants, on entend parler des pompiers des avocats…. mais rien sur les personnels de direction.

Il est vrai que des simulations sur nos carrières qui sont loin d’être linéaires sont probablement assez difficiles à réaliser. Indépendance et Direction a donc sollicité sa fédération pour obtenir des simulations à partir de cas concrets. Les résultats inquiètent et font apparaitre une baisse largement supérieure à 30%  par rapport aux pensions d’aujourd’hui, à déroulement de carrière équivalent. Nous avons ensuite interrogé le ministère sur le sujet, mais celui-ci n’a pas encore répondu. Espérons que cela ne tarde pas trop, car cela va avoir un lien direct avec le sujet de départ : notre revalorisation.

Il est nécessaire que celle-ci intervienne au plus tôt. Le ministère s’engage sur un calendrier qui débute en 2021. Cela suffira-t-il à contenter la profession qui attend impatiemment des signes concrets au plus vite ?

En tout état de cause, même si syndicalement c’est la  revendication la plus évidente, il est peu probable que le levier actionné soit l’augmentation du point d’indice.

Seront plus certainement concernées des évolutions en termes de revalorisation indemnitaire. Il y a effectivement un chantier à ouvrir de ce côté. Reste à savoir si les propositions seront à la hauteur des attentes, les négociations nous le diront.

Un autre levier qui doit être mobilisé est l’augmentation sensible du taux de passage à la hors classe : à peine actuellement au-dessus de 8%, Indépendance et Direction demande qu’il  arrive au plus vite à un taux équivalent à celui appliqué aux autres cadres de l’éducation nationale.

C’est donc une période cruciale pour notre profession qui s’ouvre. Fidèle à ses principes Indépendance et Direction sera attentif à ce que la revalorisation salariale concerne tous les personnels de direction.

Franck ANTRACCOLI,
Secrétaire Général