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Autotests : Gâchis en vue

Promis par JM Blanquer pour le 10 mai, les autotests destinés aux élèves étaient en cours de livraison le 17 mai. Pour autant ils ont peu de chances d’être utilisés. Le conditionnement impose un protocole que les syndicats de personnels de direction a rejeté. Et la demande du coté des élèves est très faible alors que l’année scolaire sera bientôt terminée. Les 60 millions d’autotests pourraient bien rester inutilisés.

Une semaine de retard

Avec 62 millions d’autotests commandés, le ministère pouvait envisager de tester une fois par semaine chaque lycéen (ils sont 2.2 millions) d’ici la fin de l’année et même une partie des collégiens. Le 23 avril, sur France Inter, JM Blanquer l’avait promis : ” les lycéens seront préparés à cela, et dès la semaine du 10 mai ils pourront le faire dans leur établissement, avec des personnels compétents, et des personnels volontaires, pour les accompagner dans la réalisation de l’autotest”.

En fait le 10 mai les tests destinés aux élèves n’étaient généralement pas là. Selon F. Antraccoli, secrétaire général de ID Fo, le second syndicat de personnels de direction, “au niveau national les autotests des élèves sont quasiment tous arrivés” le 17 mai. Certains ont des notices erronées, comme l’a révélé le Snes Fsu.

Un conditionnement inadapté

Pour autant, “rares sont les établissements où les opérations de tests sont programmées”, ajoute ce syndicat. Et Franck Antraccoli le confirme. “Les autotests sont conditionnés dans des paquets de 25 tests. Ils sont homologués pour un passage collectif”, nous explique t-il.

Et c’est bien ce que le ministère avait prévu en mettant au point un protocole de passation des tests particulièrement précis sur son déroulé, l’emplacement des élèves et la récupération des tests.

Problème : dès la publication du protocole, les 3 principaux syndicats de personnels de direction l’ont jugé “irréalisable” et ont “déconseillé” à leurs adhérents d’organiser les séances de tests.

“La formation des élèves est simple. Mais la mise en oeuvre pose problème”, nous dit F Antraccoli. “Pour un lycée de 1000 élèves il faut 30 créneaux horaires dans la semaine”. C’est un peu comme pour les photographies de début d’année. Tout le monde doit y passer. “Mais pour la photographie il y a un personnel extérieur qualifié pour prendre en charge la réalisation. Et c’est ce qui manque”, souligne F Antraccoli.

Les établissements n’ont pas de personnel capable de passer sa semaine à organiser les tests et les réaliser. Le ministère a bien promis des “médiateurs” mais ils ne sont toujours pas là. “Dans certaines académies le rectorat demande aux établissements d’en recruter”, signale f Antraccoli.

Vers un gâchis ?

A cela s’ajoute la faible demande. “Au maximum 35% des élèves seulement acceptent de passer le tests”, nous dit F Antraccoli en ajoutant qu’en général c’est seulement 10%. “Les élèves craignent de se savoir contaminés et de n e pas pouvoir aller aux examens”.

“Le retard accumulé dans l’organisation des autotests sera t-il rattrapé”, se demande le Snes Fsu. “Permettra t-il d’écouler le stock ou va t-on devant un nouveau gâchis” ?

Selon F Antraccoli, une seconde livraison de tests devrait fournir des test empaquetés à l’unité. Cela permettrait de réaliser les autotests à la maison, comme cela se pratique en Grande Bretagne. Cela résoudrait le problème des chefs d’établissement. Et permettrait d’utiliser une partie du stock de tests trop longtemps attenus et trop tard arrivés…

François Jarraud