Compilation d’articles : Covid-19 : les débuts laborieux de la campagne d’autotests au lycée

Covid-19 : les débuts laborieux de la campagne d’autotests au lycée

Analyse

Depuis le 10 mai, les lycéens volontaires sont censés s’autotester une fois par semaine dans leur établissement. Mais rares sont ceux qui ont eu accès à un kit de dépistage. Cet outil pourrait bientôt être distribué pour une utilisation à domicile, sous la supervision des parents.

  • Denis Peiron,
  • le 19/05/2021 à 19:50
  • Modifié le 19/05/2021 à 19:57

Lecture en 3 min.

Le ministère se garde de communiquer des chiffres. Il faudra, dit-il, patienter jusqu’au prochain point de situation Covid hebdomadaire, prévu ce vendredi 21 mai, pour avoir une idée précise du déploiement des autotests dans les lycées. Mais l’entourage de Jean-Michel Blanquer n’en fait guère mystère, la mise en œuvre de cet outil demeure « progressive », neuf jours après le lancement d’une campagne de dépistage supposée massive.

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Le gouvernement a promis à tous les lycéens volontaires la possibilité de se tester une fois par semaine. Mais rares sont ceux qui ont déjà pu pratiquer un de ces tests antigéniques, qui doivent s’effectuer sur la supervision d’un « encadrant », dans une salle prévue à cet effet.

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Un dispositif chronophage

Retard dans l’arrivée des kits, couacs dans certaines notices et surtout manque de personnel… « Dans mon lycée, les tests sont arrivés dans le courant de la semaine dernière mais aucun n’a pour l’heure été utilisé », témoigne Agnès Andersen, proviseure à Strasbourg et secrétaire générale adjointe du syndicat de chefs d’établissement Indépendance et Direction. « Si nos 1200 élèves devaient tous s’autotester, nous serions obligés de mener ces dépistages sur des temps de cours, déjà très réduits pour respecter la jauge à 50 %. »

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Cette proviseure a pu recruter l’un des 2 500 médiateurs supplémentaires récemment promis par le ministère. Un jeune qui sera en poste à compter du jeudi 20 mai. Il restera malgré tout à obtenir les autorisations des parents… « Pour l’heure, nous avons à peine 15 % de réponses positives de leur part », glisse-t-elle.

Dans leur ensemble, les proviseurs, en première ligne depuis un an face à la crise sanitaire, ne semblent guère pressés de déployer cette campagne. Dans le public comme dans le privé. « Dans les conditions actuelles, une majorité de lycées de notre réseau ne fera pas passer les autotests », prévenait ainsi dans La Croix, à la veille du lancement de la campagne, Arnaud Patural, le vice-président du SNCEEL, principale organisation de chefs d’établissement du privé.

« Faire baisser la pression sanitaire »

« On peut comprendre la lassitude des chefs d’établissement et les difficultés de mise en œuvre de cette campagne mais les autotests peuvent contribuer à faire baisser la pression sanitaire », réagit Philippe Delorme, le secrétaire général de l’Enseignement catholique. « Ils constituent une contrepartie à la réouverture des lycées intervenue le 3 mai », insiste-t-il. Aussi, le mercredi 19 mai, Philippe Delorme a-t-il adressé une lettre aux directeurs diocésains, pour que « chacun, au-delà des difficultés et des réprobations, assume ses responsabilités jusqu’au bout et continue, à apporter sa contribution à la lutte collective contre ce virus ».

Reçu récemment au ministère, le SNCEEL insiste sur la volonté des chefs d’établissement de jouer le rôle de « facilitateurs ». À condition que la campagne d’autotests soit mise en œuvre « par du personnel formé, recruté par les rectorats ». Ce qui, ici et là, commence à s’organiser.

« Réalisons les tests dans la mesure du possible, en fonction des disponibilités de chacun », lâche sobrement Benoît Van Nedervelde, le président du Synadic, autre organisation de chefs d’établissement du privé. « Sachant qu’il sera difficile d’organiser un dépistage chaque semaine là où une large part des élèves est volontaire. »

Des autotests encore utiles à la rentrée de septembre ?

Prenant acte des débuts laborieux de cette campagne, le gouvernement semble prêt à accepter une revendication quasi unanime des chefs d’établissement : permettre aux lycéens d’utiliser les autotests chez eux, sous la supervision de leurs parents. « L’idée est qu’ils apprennent à les faire dans leur établissement, avant de s’en servir à domicile », assure désormais le ministère.

La grande opération de dépistage hebdomadaire dans les établissements (avec la distribution de 60 millions de tests d’ici à juin) semble s’évanouir. D’autant que l’épreuve de philo du bac est programmée le 17 juin. Et qu’il faudra cesser les cours une semaine avant à titre de quarantaine préventive… « Ce travail n’est pas perdu », assure le ministère, qui vient de lancer sur les réseaux sociaux une campagne pour vanter le dispositif. « Car le virus sera sans doute toujours là à la rentrée. Les autotests conserveront hélas leur utilité. »