Compte rendu : GT conditions de travail des perdirs mardi 1er mars 2022
Une troisième rencontre du groupe de travail Blanchet sur les conditions de travail des personnels de direction a eu lieu le mardi 1er mars 2022 au rectorat. Quelques responsables académiques étaient présents, un IPR-EVS, le secrétaire général académique et la directrice académique du Loir-et-Cher. Le SNPDEN, le Sgen-CFDT et iDFO étaient représentés.
Cette rencontre, programmée lors de la dernière réunion de ce groupe le 29 novembre 2021, avait pour objectif principal de suivre les actions en cours.
Introduction
iDFO et le SNPDEN interviennent en introduction. Le SNPDEN souligne la charge de travail croissante qui s’abat sur les personnels de direction. Intervention d’iDFO :
Depuis notre dernière rencontre, le 29 novembre, on ne peut pas dire que les choses se soient améliorées pour les personnels de direction :
- On a subi de plein fouet un mois de janvier chaotique et exténuant avec le Covid, souvent seul.
- On a dû faire face à des DHG en berne qui ont cristallisé de nombreux mécontentements.
- On fait face à une explosion des demandes d’aménagement d’examen dans une procédure qui maintenant laisse la part belle du travail aux équipes de direction.
- Les injonctions ministérielles n’ont cessé de tomber entre décembre et février, au gré des déclarations des uns et des autres et de la parution de plusieurs circulaires, on peut noter en vrac :
- Mettre en place des actions contre les violences intrafamiliales.
- Mettre en place des actions sur la question de l’endométriose pour les jeunes filles.
- Intégrer la dimension européenne dans nos établissements.
- Établir un plan contre toutes les formes de harcèlement.
- Mettre en place la certification Pix et l’évaluation eva@lang…
- Bien que ça concerne le 1er degré, on a pu apercevoir au BO une incroyable circulaire qui demande aux écoles de faire faire à leurs élèves 30 minutes de sport par jour sous une forme ou une autre, en plus de la pratique officielle, en vue des Jeux olympiques de 2024.
- Nos relations avec nos adjoints gestionnaires vont subir de plein fouet les effets pervers de la loi 3DS.
- Enfin, nous apprenons que la loi de finance 2022 supprime le régime de responsabilité personnelle et pécuniaire de l’agent comptable, mais qu’en contrepartie une part non négligeable de sa responsabilité nous retombe sur les épaules, une charge nouvelle donc, sous un vocable assez sibyllin de “responsabilité managériale du contrôle interne”.
Je suis loin d’être exhaustif et pourtant aujourd’hui ce qu’entendent des collègues c’est : « on compte sur vous pour convaincre les enseignants de participer aux vacances apprenantes » !
Alors quelles bonnes nouvelles allez-vous nous annoncer pour enfin tenter d’endiguer cette déferlante ?
Rappel des axes de travail
Lors de la dernière réunion, les syndicats avaient fait des propositions :
Lire CR iDFO Groupe de travail Blanchet Condition des perdirs 29.11.2021
Les interlocuteurs du rectorat avaient retenu plusieurs pistes d’action :
- Diminuer la charge mentale à travers une meilleure organisation du rectorat.
- Définir et créer l’outillage nécessaire aux personnels de direction.
- Diminuer le plan de charge des EPLE.
- Mieux accompagner le changement.
- Avoir une offre de formation plus proche des besoins.
- Agir sur la latitude décisionnelle (respecter le plus possible les décisions prises en amont, respecter la voie hiérarchique…).
- Renforcer le soutien social professionnel (valoriser les parcours, mettre en place des espaces d’échange métier).
- Mettre en place un DUERP dédié aux personnels de direction.
- Mettre en place une nouvelle enquête sur les conditions de travail des personnels de direction en fin d’année.
Ils ont dit vouloir réfléchir avec intérêt sur :
- La mise en place d’un comité de suivi de la charte de pilotage.
- La mise en place d’un référent pour les problèmes rencontrés.
- La mise en place d’une brigade de remplacement des personnels de direction.
- Une meilleure communication dans son ensemble.
- L’instauration d’un mode « dégradé ».
Compte rendu de la réunion
Avec une certaine franchise, on nous annonce la couleur : « la charge de travail des derniers mois ne nous a pas permis d’avancer sur ce sujet » !
Le plan de prévention des risques psychosociaux des personnels de direction ne débutera qu’après la fin de l’enquête du CHSCTA.
Le plan de charge en ligne des EPLE (en clair, le calendrier des opérations) est en cours d’élaboration.
Pas d’avancée non plus sur la nomination d’un référent personnels de direction qui permettrait de conseiller, d’aider et de faire le lien avec les services déconcentrés. Le secrétaire général y semble favorable, mais la question des moyens se pose.
Le comité de suivi de la charte de pilotage n’a pas été créé. Mais le rectorat s’engage à nous faire des propositions pour le mettre en place.
En revanche, sur le champ de la formation, plusieurs modules ont été mis en place.
Puis, une très longue discussion démarre sur la meilleure manière de nous fournir des ressources documentaires qui simplifierait notre travail. Une FAQ en ligne ? Une compilation thématique de guides ? La mise à jour du fameux livre bleu des personnels de direction ?…
Alors certes, nous reconnaissons que les établissements sont devenus les déversoirs des politiques publiques. À coup de circulaires, arrêtés, décrets et lois qui s’accumulent d’année en année, plus personne n’est en mesure de suivre, c’est le flou total, un vrai fatras. Mettre un peu d’ordre et donner une certaine lisibilité est un exercice louable et sans doute nécessaire, mais cela ne doit pas occulter d’autres aspects de nos conditions de travail qui sont bien plus problématiques encore.
Nous insistons pour changer de sujet et nous abordons les difficultés liées aux absences non remplacées de nos collaborateurs et les conséquences sur nos conditions de travail.
Le secrétaire général nous explique qu’il faudrait une brigade de remplacement pour chaque corps concerné et qu’il n’en a pas les moyens. Dans un discours qui se veut sans doute pédagogique, il nous explique que s’il a les moyens pour 100 personnes, il en faudrait 10 ou 20 de plus pour une brigade de remplacement, ce dont il ne dispose pas.
Nous rétorquons que nous comprenons les fondamentaux de mathématiques, mais que les moyens sont avant tout une question de choix et de priorité. Nous précisions qu’avec une telle argumentation, nous avons le sentiment de replonger au sein d’une époque où un fossé d’incompréhension séparait les « gens de terrain » et les autres.
Le DRH intervient pour nous préciser qu’un travail est fait pour revaloriser les grilles indiciaires des contractuels afin d’augmenter et de stabiliser le vivier de remplaçants.
Nous reparlons de la brigade de remplacement des personnels de direction. Le secrétaire général rappelle qu’il n’existe pas d’enveloppe dédiée pour cette brigade.
Nous insistons sur l’instauration d’un mode « dégradé » pour nos établissements.
Le secrétaire général précise qu’une attention particulière est déjà donnée aux établissements qui sont dans des situations délicates !
Nous prétendons que non, il n’y a aucune considération particulière, au moins en termes de charge de travail, pour les collègues concernés. Sans adjoints, sans gestionnaire, sans secrétaire, sans CPE, les demandes et les injonctions tombent comme si de rien n’était.
Excédés par la direction prise par cette réunion, les organisations syndicales revendiquent qu’a minima soit officiellement annoncée à tous nos collègues qu’ils ont la possibilité de se recentrer sur les fondamentaux quand leur établissement est en mode « dégradé ». Nous voulons qu’un vivier de remplaçants formés soit mis en place pour pallier les absences de nos collaborateurs les plus proches.
Nous revenons ensuite sur les autres engagements du rectorat : diminuer la charge mentale qui pèse sur les personnels de direction à travers une meilleure organisation des services, agir sur la latitude décisionnelle (respecter le plus possible les décisions prises en amont, respecter la voie hiérarchique…) et renforcer le soutien social professionnel (valoriser les parcours, mettre en place des espaces d’échange métier).
Nous n’obtenons aucune réponse claire. Tout au plus le secrétaire général réaffirme-t-il son engagement sur quelques points : le référent personnels de direction, le comité de suivi, un calendrier en ligne, les ressources documentaires et les formations.
Et même à cet instant, nous sommes à nouveau obligés d’insister pour que les absences non remplacées de nos collaborateurs et ses conséquences fassent partie de ces engagements.
On peut s’interroger, l’amélioration des conditions de travail des personnels de direction est-elle une priorité ?
Conclusion
Afin de ne pas sombrer dans une sympathique discussion de comptoir de café, nous avons été obligés de constamment centrer le débat sur les engagements du rectorat. Nous avons dû rappeler pourquoi on en était là. Il a fallu, à la troisième réunion, redire à nouveau que les conditions de travail de travail des personnels de direction sont déplorables et que la dégradation se poursuit.
Des points importants ont totalement été éludés. Nos relations avec les enseignants, nos relations avec les parents d’élèves, la judiciarisation et la violence que nous subissons, le rôle de notre hiérarchie… Sur ce dernier point d’ailleurs, nous n’avons pu nous empêcher de rappeler à nos interlocuteurs que ce que nous attendions d’elle, c’est qu’elle prenne ses responsabilités : qu’elle filtre, qu’elle trie, qu’elle éclaircisse, qu’elle donne du sens à tout ce déluge qui tombe dans nos établissements. Car nous ne contestons pas qu’elle nous rappelle ou qu’elle transfère les consignes nationales en revanche nous ne pouvons accepter qu’elle insiste démesurément pour nous les imposer.
Nous avons perçu dans cette réunion à quel point nos interlocuteurs n’ont aucune idée de la manière dont nous fonctionnons sur le terrain. Pire, nous avons eu le sentiment que l’ambition de ce groupe de travail n’allait guère plus loin que l’écoute. Rien n’a avancé depuis la dernière réunion, aucune proposition concrète, nous en somme restés à des hypothèses de travail. D’ailleurs aucune prochaine rencontre de ce groupe de travail n’a été programmée !
Nous avons bien senti quelques bonnes volontés, mais sans organisation centralisée et sans détermination forte, elles restent cantonnées à un pan anecdotique de notre sujet principal.
iDFO a exprimé avec force son mécontentement et sa détermination. Nous ne baissons pas les bras !
Notre syndicat a été fondé en 2002 autour d’une idée forte : défendre le corps des personnels de direction et leurs conditions de travail. On a bien compris que tout cela serait tellement plus simple si nous pouvions intégrer les contraintes et accepter les choix qui ont été faits. Mais il n’est pas question pour nous de renier nos origines !
Le Secrétariat académique d‘Indépendance et Direction – FO