Discours de rentrée
Personnel de Direction : est-ce encore un bon calcul ?
Cette année scolaire passée fût pour chacune et chacun d’entre nous l’occasion d’une attention exacerbée, d’un travail acharné, d’une fatigue très marquée. Entre les annonces de changement non discutées et les obligations de ‘faire’ sans aucun texte publié, notre quotidien fut pour le moins fortement bousculé.
Comme beaucoup d’entre nous, afin de ne rater aucune incise gouvernementale, je me suis mis au diapason de la communication ministérielle : télévision, radio, BFM, RTL, mais aussi ‘Pif gadget’, ‘Têtu’ et bien sûr ‘Playboy’. Ma femme a d’ailleurs eu du mal à entendre que ma motivation était toute professionnelle.
Après de multiples obligations professionnelles, plus originales les unes que les autres, la fin de l’année arrivait à point nommé. Il reste que nous n’avions pas encore vu la couleur de tous ces cadeaux bonus dont on nous avait parlé : J’étais lessivé
Ainsi, Mi juillet : j’allais faire valoir mon droit à la déconnexion, il était temps de faire un break : les vacances.
Une parenthèse bien méritée entre siestes, coups de pédales, expos, transat et attractions diverses. J’ai ainsi d’abord pris l’avion, puis le bateau. Je me suis retrouvé dans l’hélicoptère avant de finir dans le camion de pompier. Le gérant m’a ensuite prié de descendre du manège au prétexte que je n’avais pas d’enfant. Bref : des vacances.
Très vite, je me suis néanmoins informé des dernières informations du BO : le bulletin officiel.
Ce ‘magazine’, qui fait écho au journal officiel, est très particulier. Il ne contient que très peu d’information quant tout le monde peut le lire et devient une mine d’annonces primordiales quand on ne le lit plus : en août.
C’est ainsi que j’ai eu le plaisir de découvrir l’existence d’une augmentation substantielle de la part R variable de l’IF2R allant jusqu’à 1000 euros . C’est la seule fois où l’on parlera de nous puisque les annonces concernent essentiellement les enseignants.
Un peu moins de 30 euros net par mois d’augmentation – un repas pour deux au flunch avec supplément tarte aux fraises ! – le rectorat a-t-il prévu une cellule d’accompagnement psychologique pour nous aider à surmonter la chose ? – cela me paraît nécessaire.
Bien entendu, les augmentations proposées aux professeurs sont légitimes même si nous aurions tous préféré une augmentation nette du point d’indice, ce qui aurait permis de n’oublier personne.
Cela étant, pour ce qui les concerne, on a pu lire les quelques dispositions suivantes :
– Part fixe de l’ISOE doublée
– Accès à la hors classe facilitée, ce qui inscrit cette promotion comme une évidence dans le cursus de chaque enseignant
– Une prime d’attractivité revalorisée (jusqu’à l’échelon 7 – 15 ans d’ancienneté)
– Des formations qui devraient se dérouler pendant les vacances et être rémunérées
– Des heures supplémentaires défiscalisées
– L’avènement du pacte qui amène de confortables possibilités financières
La question est donc posée : Est-il financièrement intéressant de devenir Personnel de Direction ? Ne serions nous pas une nouvelle fois les oubliés de la république sans qui le système ne fonctionne pas ?
Prenons pour exemple un enseignant qui au bout de 10 ans de carrière réussirait le concours et serait adjoint dans un collège de deuxième catégorie.
Comparons : En tant que professeur certifié, avec deux heures supplémentaires et une part de pacte, son salaire net serait de 2238 euros net de base auquel nous devons ajouter 138 euros pour la première HSA et 116 pour la seconde et enfin une part de pacte mensualisé soit 113 euros net. Le salaire sera alors autour de 2600 euros net
En tant que Principal adjoint, après reclassement, sans nouvelle bonification indiciaire (NBI) et en intégrant la part fixe de l’IF2R estimée à ce jour, il touchera autour de 2800 euros net.
Enfin, et c’est peut être pire comme observation pour nous, cet enseignant aurait terminé sa carrière à l’indice brut 1015, celui de la hors classe qui lui est promise. Le personnel de direction, quant à lui, aux possibilités très limitées de promotion, sera vraisemblablement bloqué à l’indice brut1027 en fin de parcours. La différence est une vaste plaisanterie d’autant que le professeur aura toujours la possibilité de faire des heures supplémentaires et prendre des responsabilités, toutes rémunérées.
Existera-t-il alors encore des fous pour se lancer dans cette aventure, toute palpitante soit elle, précipitant sa famille dans des choix de mobilité mal gérés par l’institution et où les obstacles seront légions. Qui, sans une reconnaissance financière adaptée, acceptera un emploi du temps aux allures pharaoniques ?
Le métier est en danger. Nous aussi.
Bref, la mesure n’y est pas.
Enfin, notre nouveau ministre l’annonce : ‘Je présenterai dans les prochains mois un plan global sur la reconnaissance du métier d’enseignant’
Encore une fois, la reconnaissance réelle et financière du travail des enseignants est nécessaire et légitime mais il est tout aussi légitime que les Personnels de Direction ne soient pas les grands oubliés de cette histoire. Nous en avons hélas pris l’habitude et c’est proprement inacceptable. Les adjoints gestionnaires, les administratifs, les DDFPT, entre autres, partagent nos inquiétudes.
La situation est absolument anormale. Le volume horaire que nous déployons, les responsabilités qui sont les nôtres, doivent s’installées dans une échelle de rémunération juste et équitable pour tous.
Idfo ne laissera pas la situation en l’état.
J’aimerais, si vous le permettez, revenir sur le drame de Lisieux et rappeler ici avec force que nous ne sommes pas les gardiens du temple.
Notez toute l’imbécilité de l’ observation suivante : lorsque qu’un danger type « attentat – intrusion « se présente pendant le temps scolaire, le dispositif ppms se déclenche et il est d’usage pour tous les membres de la communauté de tenter de s’éloigner le plus possible du danger.
Par contre , lorsque cela se produit hors temps scolaire, il serait entendu et acceptable que le personnel de Direction aille vers le danger pour ‘lever le doute’ : nous l’avons tous fait
La comparaison de ces deux situations est stupide non ?
Lever le doute ?
. Pour idfo : il n’y a pas de doute : faut pas se lever.
Des compagnies privées ou des services publics dont c’est le métier doivent être en charge de ce problème. Nous ne sommes pas les gardiens du temple. Idfo porte ce message jusqu’au ministère et demande que dans chaque académie soient organisés des groupes de travail avec les collectivités territoriales pour re-préciser le cadre légale et poser les évolutions nécessaires visant à garantir la sécurité des personnels de Direction
Las de toute cette agitation, il est temps de penser à gérer au mieux la rentrée.
De nouveaux dossiers nous attendent :
- le pacte et l’effroyable flicage qui y est induit , y compris dans le suivi académique qui nous est imposé,
- les diverses nouveautés du collège ( vaccination, la nouvelle 6ème, découverte des métiers en 5ème, multiplicité des référents, horaires d’ouverture,
- une augmentation significative prévisible des procédures disciplinaires en lien avec les derniers textes sur le harcèlement et les atteintes à la laïcité,
- un calendrier examens dévoilé hier àç la TV -c’est tout de même une bonne chose et cela a été réclamé par tous : idfo compris
- les nouveautés du LP et leur organisation : le bureau des entreprises, les pfmp et leur gratifications, les poursuites d’étude et leurs implications sur la scolarité de chaque élève
- une rentrée possiblement anticipée (ça ressemble fortement aux vacances apprenantes) avec une vrai solution d’accompagnement individuel : des classes à 15 ! la bonne idée.
- et enfin le RCD : nous allons devoir rendre des comptes : c’est legitime mais pas n’importe comment. sur ce sujet : nous demandons aux services de nous rendre des compte sur le R, des absences non remplacées, des absences de nomination de personnels sur tous types de postes à la rentrée
Heureusement, nous ne doutons pas de l’existence future d’une FAQ APEDR : Foire Aux Questions Avec Peut Etre Des Réponses. Faudrait un référent quand même….
Alors, La tête dans la lessiveuse, les pieds entrainés par un manège trop rapide pour être efficace, j’ai l’impression qu’on me fait tourner en rond. C’est le cœur lourd et au bord des lèvres que je repars à l’assaut d’une rentrée qui à n’en pas douter sera à nouveau techniquement réussie.
Je vous remercie