Intervention devant Madame la Rectrice et l’encadrement académique à la rentrée 2021

Madame la Rectrice, Mesdames et Messieurs les DASEN, Madame la SG, Mesdames et Messieurs les directeurs, inspecteurs et collègues personnels de direction…

Ne voulant pas être redondant, ni avec le document que vous et Madame la Secrétaire Générale nous avez envoyé il y a quelques jours, et la réunion de ce jour, ni avec les réunions précédentes, ni avec ce qui vient d’être dit sur les dossiers encours, je souhaite au nom des collègues vous faire part de l’état d’esprit général.

Nous y avons cru !

Après une année scolaire exceptionnellement éprouvante (mais chaque année bat un nouveau record !), dans un contexte très dur, sur les plans social, sanitaire, mais aussi institutionnel avec les réformes et leur lot de dysfonctionnements (examens, informatique…), nous tenons à alerter sur la santé physique, nerveuse et psychologique des personnels de direction, très impactée.

Jusqu’à mi-juillet, nous avons cru à une embellie sur le plan de la pandémie… Mais qu’avons-nous mal fait dans notre travail collectif pour constater le décrochage d’une partie de la société française, qui tourne le dos à la science, à l’histoire, au vivre ensemble, créant un climat méphitique ? Cela aussi a un impact non négligeable sur l’idée que nous nous faisons du sens de nos missions.

Nous y avons cru Madame la Rectrice, mais, une fois de plus et cela s’accentue chaque année, les personnels de direction n’affichent plus fin août le sourire et l’enthousiasme de personnes reposées et sereines. C’est inquiétant : il y a là aussi un risque de décrochage dans la motivation au travail, d’autant plus que l’académie reste sous dotée en personnels d’encadrement (en particulier des élèves).

Indépendance & Direction alerte depuis tant d’années sur la dégradation continue des conditions de travail des personnels de direction qu’il devient urgent d’éviter la rupture.

En collège comme en lycée, les collègues étaient en effet épuisés au début du mois de juillet. Ajoutons qu’en lycée, les proviseurs-adjoints en particulier ont travaillé sur les emplois du temps – techniquement à la limite du faisable ces dernières années – chaque jour jusqu’au quinze août, les privant de vacances estivales : est-ce acceptable ? La charte des pratiques de pilotage en EPLE récemment « toilettée » n’est qu’un cadre dont l’impact sur les conditions de travail des personnels de direction ne dépendra que de son application concrète et des moyens que l’on voudra y mettre.

Globalement, est-ce admissible d’assurer toujours plus de missions (sans parler de la crise sanitaire) sans aucune contrepartie ?

Il est certes agréable pour les personnels de direction de recevoir des remerciements, mais c’est insuffisant : il est urgent de reconnaître l’investissement de tous réellement, concrètement : n’osant pas parler de la non évolution du point d’indice (et pourtant…), demandons-nous au moins où sont les primes que nombre de professions ont perçues ?

Nous nous permettons de rappeler que l’économie française se porte plutôt bien grâce aux milliards déversés mais aussi à la scolarisation maximale des jeunes, le pays étant fier d’avoir pu assurer le service d’éducation, affirmé comme absolument prioritaire : mais quelle reconnaissance sonnante et trébuchante pour les personnels de direction ?

Enfin, nous souhaitons souligner que nous exerçons nos missions au contact permanent, au moins dix heures par jour, des usagers comme des personnels : nous mettons tout en œuvre pour tenter de préserver un climat correct en dépit de toutes les difficultés, voire les attaques régulières que nous subissons.

Or, nous pourrions ensemble, avec les collectivités territoriales, dans ce contexte de crise sanitaire, améliorer la situation également sur le plan matériel, en équipant par exemple les services de restauration de plexiglass pour éviter d’aboutir encore à un allègement des effectifs non souhaitable, les salles de cours de capteurs de CO2 mais aussi de caméras et micros permettant aux professeurs d’enseigner aux élèves à distance tout en assurant leurs cours en présentiel (ce qui suppose de revoir les flux des réseaux)… Mais cela n’a de nouveau pas été mis en œuvre cet été (comme l’été dernier d’ailleurs !).

Dès lors, nous avons cru à une rentrée plus sereine, mais, lucides, nous savons que cette année scolaire – année d’élections présidentielles qui plus est – sera très difficile, d’autant plus que le « quoi qu’il en coûte » s’est arrêté aux portes de l’Education Nationale : les moyens horaires prévus dans les DGH pour cette rentrée ne sont pas à la hauteur des besoins des jeunes scolarisés (et les enveloppes d’HSE sont loin de pouvoir tout compenser).

Dès lors, il faut certes allier le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté – dont les personnels de direction font continûment montre avec beaucoup d’énergie, mais surtout pas au prix pour chacun d’entre nous du sacrifice de sa santé et de son équilibre personnel.

Je vous remercie Madame la Rectrice pour votre attention.